Léo Ferré 1916-19...

« Ils regardaient la nuit dans un chagrin d'enfant
Ils regardent l'ennui sur un petit écran... »

Textes & musiques : Léo Ferré

Janine de Waleyne, voix solo

Arrangements & direction musicale : Jean-Michel Defaye
Prise de son : Gerhard Lehner
Production exécutive : Jean Fernandez
Crédits visuels : Hubert Grooteclaes

Enregistré les 21 et 23 février 1966 aux Studios Barclay, Paris (France) et le 16 juillet 1966 (piste 13) au Casino de Trouville (France).
Publié en avril-mai (?) 1966 et en 1966 (piste 13) par Barclay.

Cet album et son titre bonus ne sont disponibles à l'achat que dans le coffret L'Âge d'or : intégrale 1960-1967. Vous pouvez vous procurer ci-dessus les partitions des chansons.

Les années passent, les souvenirs s'entassent, l'homme grisonne et s'allonge le long cortège des disques par quoi l'aède trompe l'ennui, la mort et l'anonymat des poètes contemporains. Plus que jamais le sismographe Ferré continue d'enregistrer les tressaillements de son époque matérialiste, et dans ce creuset dit mineur de la chanson, de nous en restituer les signes en toute clarté, sous la forme d'emblèmes cuisants, comme ailleurs s'y emploient un Georges Pérec, un Jean-Luc Godard, autres vigies fameuses de la décennie.

Cet album se place dans la continuité des précédents (« L'aveuglement de notre amour / Et la mort qui bat le tambour ») mais se révèle plus nettement traversé par la tentation de la misanthropie, que les enjôleurs contrepieds musicaux ici ne suffisent pas à camoufler. Dès lors qu'il s'aventure parmi les hommes, hors du « rocher de cristal où [son âme] s'était assise », Ferré le fataliste constate et désespère. Et son cri même s'étrangle.

Dans les années 50, par le recours au « populaire » en tant que catégorie esthétique poétisable, Léo Ferré défiait le (dé)goût bourgeois et se plaçait symboliquement du côté du petit peuple. Dans les années 60, le « capitalisme de la séduction » atteint des proportions nouvelles ; les exploités semblent avoir renoncé à leur émancipation en échange des colifichets de la société de consommation. Cette soumission est source de déchirure intellectuelle pour le poète, qui ne peut suivre les classes populaires dans cette voie. La grève — la vraie, la générale, la noblesse épique de 36 ! — ne semble plus désormais être qu'un rêve. « Les uniformes de la rue / Les urnes de la connerie / Les plébiscites qui nous plient » ont tout recouvert. À qui Léo Ferré peut-il et doit-il encore faire don de sa parole ? Le disque suivant apportera un début de réponse...

Pour l'heure, contre ce monde médiocre, bassement anti-poétique et qui ne vaut pas même qu'on lui voue son ire, le « bipède volupteur de lyre » se réfugie dans l'univers illimité des mots et dans le réconfort de l'utopie, par quoi « l'Homère-Misère » tisonne son feu, dans l'attente de jours meilleurs.

Alaric Perrolier – 2019

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