« Mets la folie en vergue et la raison au pot
Mets du sel dans la merde et de l'or sur tes mots
Et pars au-delà de toi... »
Textes, musiques, piano & claviers : Léo Ferré
Prise de son : Léo Ferré
Transfert numérique : Lionel Risler (Studio Sofreson)
Mastering : Charles Eddi
Conception & réalisation : Mathieu Ferré & Alain Raemackers
Texte de présentation : Alain Raemackers
Crédits visuels : André Villers
Titres enregistrés en octobre 1969 aux studios Europe 1 de Paris (piste 3), en 1979/80 au Studio Fonior de Bruxelles (piste 9) et entre 1970 et 1983 (?) à San Donatino, Castellina in Chianti (Italie).
Publié pour la première fois sur disque le 3 mars 2000 par La Mémoire et la Mer.
Dans les derniers temps de son existence terrestre Léo Ferré travaillait à la conception d'un copieux double-album intitulé Métamec. Paru en l'an 2000, le présent disque en reprend le titre mais à l'exception du poème éponyme le contenu diffère. On y propose un florilège de chansons inédites, restées à jamais en carafe sur l'établi du poète.
Tous ces morceaux, Michel et Opus X exceptés, ont la particularité d'être des maquettes, c'est à dire des enregistrements de travail.
« Magnétophonisées » par Léo dans sa maison toscane, au milieu des vignes, des oliviers et des cigales, ces « mises à plat » lui permettaient de tester ses chansons, pour les retravailler si besoin ; pour en garder trace surtout, en attendant de les coucher sur une partition, puis de les orchestrer et les immortaliser en studio. Après quoi les bandes étaient effacées. Ces archives à usage personnel, Léo ne leur imaginait pas d'autres auditeurs que lui-même. D'où leur imperfection technique et leur forme tantôt fragmentaire, tantôt transitoire ; leur touchante proximité aussi, lucarnes ouvertes sur l'intimité de l'artiste au travail, seul avec lui-même.
C'est un choix éditorial fort qui a été fait ici : celui d'offrir à tous la pleine compréhension d'un jaillissement créateur « plus vaste que nos lyres », écosystème poétique où tout se répond, des grands couplets célébrés à cet inframonde de travaux non officialisés. En cela, ce premier disque posthume est un acte fondateur.
Alors regarde ! Écoute ! Goûte ! Caresse ! Chante !... Ode à la perception vivante, le grand poème Métamec abolit le temps et débouche sur un emblématique appel au bonheur. Mais le bonheur... qu'est-ce que c'est ? Des fraternités libertaires improvisées de Michel au Vieux Marin comblé par sa condition d'homme à terre, de la goujaterie libératoire de Zaza au code de l'indifférence et de la peinardise qu'est La Méthode, la possibilité du bonheur est peut-être le fil d'Ariane de cet album. Un fil qui mène au départ sans retour, enfin et à jamais désentravé.
Alaric Perrolier – 2016