Amour Anarchie

« Je provoque à l'amour et à la révolution !
Yes ! I am un immense provocateur ! »

Textes & musiques : Léo Ferré
Sauf texte : Guillaume Apollinaire (L'Adieu)

Zoo (pistes 1 & 5) :

  • André Hervé : claviers
  • Pierre Fanen : guitare électrique
  • Michel Ripoche : saxophone ténor, violon
  • Daniel Carlet : saxophone soprano, violon
  • Michel Hervé : basse
  • Christian Devaux : batterie

Lionel Gali, violon solo

Arrangements : Jean-Michel Defaye, Zoo (pistes 1 & 5)
Direction musicale : Jean-Michel Defaye
Prise de son : Gerhard Lehner, Claude Achallé (pistes 1 & 5)
Coordination musicale : Pierre Chaillé
Supervisation & réalisation artistique : Richard Marsan
Crédits visuels : Alain Marouani (recto), Jacques Clarence Pauker (verso), Geneviève Vanhaecke, Christian Rose, Vic Nowas, Michel Picard (rabats intérieurs)

Enregistré les 26 et 29 janvier, les 13 et 20 mars, les 14 et 25 avril 1970 aux Studios Barclay, Paris (France).
Publié en mai 1970 par Barclay. 

Cet album n'est disponible à l'achat que dans le coffret La Solitude : intégrale 1968-1974. Vous pouvez vous procurer ci-dessus les partitions des chansons.

« Plus je fais l'amour, plus j'ai envie de faire la Révolution. Plus je fais la Révolution, plus j'ai envie de faire l'amour », écrivait un enragé anonyme sur les murs de la Sorbonne en 1968... Nous y sommes ! L'ordre social, fondé sur l'exploitation de tous au profit de quelques uns et sur le mensonge qui en découle pour naturaliser cette servitude, est un ordre inique. Comme tout organisme vivant la société cherche avant tout à maintenir sa structure. La conduite libre de l’amour, « noir, vertébré, adolescent toujours », a le pouvoir d’en bouleverser l'équilibre normatif. « Il suffit de pousser un peu plus rien qu'un geste... »

Depuis deux ans Léo Ferré a renversé la « malédiction confortable » dans quoi il vivait, parachevé sa mue psychologique et artistique, libéré de ses entraves anciennes, résolu à jouir de la vie à nouveau et différemment, mû par un élan d'enthousiasme orgiaque ! Le poète a métabolisé la nouvelle énergie du temps, et « la conscience dans le spider » rentre hardiment dans la Cité, porteur d'un étendard d'anarchie et d'amour intriqués, fringant comme un jeune homme — la maturité de l'homme mûr en sus.

Le chant d'amour, qui s'était raréfié puis tari chez lui après l'identification à la poésie courtoise d'Aragon dix ans auparavant, rejaillit comme une source et « monte à la bouche comme une grenade », virile dévotion à la « prière biologique » — la seule qui vaille la peine d'être dite encore, tant il est vrai que « l'érotisme est un don de Dieu ». Et quant aux « débauches bureaucratisées » du mariage, « monotones corbillards de l'audace et de l'invention » comme dirait Camus, on pourra les teinter « dans une teinture particulière et à la portée de toute portée ».

Léo Ferré opère ici une synthèse détonnante des héritages hugolien et baudelairien ; poète qui « s'entribune à la barbe des continents » et poète qui se prend lui-même pour objet. L'expression se débride, le propos se fait cru. Le transgresseur Ferré ne se satisfait plus des épices argotiques jetées à la face du bien-parler bourgeois ; l’esthétique du prosaïsme piquée à Apollinaire est poussée à son comble, tirant ici encore son éloquence du refus de l'éloquence, comme jadis les Romantiques de France. Et c'est un poète qui désormais « cause et gueule comme un chien », donnant sa pleine mesure au « style de l'invective » couvé toutes ces années, transbahutant ses idées subversives « comme de la drogue », direct et sophistiqué à la fois, indifférent au grommellement des « bonnes consciences décorées ».

Le chien, que la Bible associe aux prostituées, aux mages, aux idolâtres... Le chien, nouvel emblème par quoi le « trafiquant d'amour » Ferré veut rompre avec les idées archaïques de l'imaginaire collectif, celles qui font de cette figure animale aimée ou méprisée un symbole de soumission ou de fidélité, et tout particulièrement de fidélité conjugale. Alors on laissera venir à soi certaines chiennes, « comme un planning de la résurrection », et les « vieilles pouffiasses littéromanes » avec leurs « trucs et manigances » en seront pour leurs ovaires !

De toute évidence les poètes cynocéphales désormais n'ont plus ni collier ni muselière. Ils errent dans le chaos administré de notre fourmilière, libres et martiaux, « des armes dans la gueule » et disponibles à « la vraie galaxie de l'amour instantané », parmi les anges sans ailes, visages multiples de la femme sexuellement émancipée, désirable, concrète ou ineffable, charnelle ou océanique, sésame libertaire et vecteur de résistance à l'enfer capitaliste, rien de moins.

Coup d'envoi, coup de maître.

Alaric Perrolier – 2022

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