Amour Anarchie vol. 2

« Cette blessure
Qu'on voudrait coudre au milieu du désir
Comme une couture sur le plaisir
Qu'on voudrait voir se fermer à jamais
Comme une porte ouverte sur la Mort... »

Textes & musiques : Léo Ferré

Lionel Gali, violon solo
Danielle Licari, voix solo

Arrangements & direction musicale : Jean-Michel Defaye
Prise de son : Gerhard Lehner
Coordination musicale : Pierre Chaillé
Production exécutive & réalisation artistique : Richard Marsan
Crédits visuels : Alain Marouani (recto), Patrick Ullmann (verso)

Enregistré le 26 janvier, les 2, 4 et 13 mars, et le 21 octobre 1970 aux Studios Barclay, Paris (France).
Publié en novembre 1970 par Barclay.

Cet album n'est disponible à l'achat que dans le coffret La Solitude : intégrale 1968-1974. Vous pouvez vous procurer ci-dessus les partitions des chansons.

Dans une époque où les LP se vendent par palanquées, les artistes ne manquant pas de souffle peuvent augmenter la cadence ; Léo Ferré ne s'en prive pas. Après une année 1969 marquée par la sortie de trois albums (dont une captation en public et un album de réenregistrements, certes), voilà qu'il donne une « suite » six mois plus tard au fracassant Amour Anarchie. Même équipe, même inspiration, même feeling que le volume 1, qui n'est d'ailleurs pas indiqué comme tel, et pour cause !

Cette « suite » n'en est pas une et n'a pas été pensée comme telle dès le départ, ni par l'artiste, ni par la maison de disques. Alors qu'il patine dans la semoule pour façonner la nouvelle « matraque » post-C'est extra (La The Nana, dont trois versions ont été refusées avant de trouver la bonne), Ferré-le-décolliérisé enregistre ses nouvelles chansons comme elles lui viennent, pêle-mêle, entre janvier et avril 1970 lors de sessions de studio exceptionnellement étalées ; bien plus qu'il n'en faut pour un disque vinyle limité techniquement à une quarantaine de minutes, étant entendu désormais que l'artiste a fait sauter le verrou de la durée standard des chansons (Le Chien faisait presque sept minutes, Psaume 151 en fait douze !). Au moment de l'assemblage de l'album paru en mai (AA1), neuf titres ont été retenus parmi seize. On peut trouver dommage que l'artiste et la maison de disques, ayant vu les morceaux s'accumuler, n'aient pas eu la présence d'esprit à cette occasion de concevoir un double-album, qui eût été une retentissante manière d'appuyer le Ferré nouveau, en l'inscrivant immédiatement dans la légende.

Sept chansons sont donc restées sur le marbre : Le Mal, L'Amour fou, Sur la scène, L'Adieu, Psaume 151, Paris c'est une idée et Les Passantes. Pas tout à fait assez pour boucler un album, un peu trop pour abandonner ça sur une étagère, d'autant plus que la demande est forte — les ventes d'AA1 en attestent —, le public de Léo Ferré s'étant considérablement élargi et les « p'tits de 68 » s'avérant voraces particulièrement. Chez Barclay on estime qu'il faut battre le fer tant qu'il est chaud. À la demande de son directeur artistique Richard Marsan, Ferré livre donc quatre nouvelles chansons pour compléter le reliquat des sessions AA1, atteindre une durée globale commercialement acceptable et permettre la publication d'AA2. Ce seront La Folie, Cette blessure, Écoute-moi et Avec le temps, que Léo aurait alors préféré garder pour lui tant cette chanson lui est intime — mais il faut bien honorer son contrat et le temps presse ! Léo envoie d'Italie ses partitions, ses directives et peut-être aussi ses maquettes piano-voix à l'arrangeur Jean-Michel Defaye, qui travaille en autonomie, y compris lors des séances musiciens, à quoi Léo exceptionnellement n'assiste pas. À peine débarqué de l'avion un soir d'octobre, il vient au studio de la rue Hoche poser sa voix sur ces quatre titres et repart, laissant le soin à Marsan de boucler les détails.

Moins peaufiné qu'AA1 dans sa présentation, AA2 reprend le concept visuel « arty » du premier disque mais propose une image de couverture moins pertinente. Les chansons de rupture amoureuse que sont Avec le temps et L'Adieu de Guillaume Apollinaire sont écartées, sans doute parce que Marsan considère — non sans raison — que leur tristesse diffère trop de la flamme libertaire qui anime de façon conquérante le reste du corpus. On connaît la suite : ces deux titres sortiront sur support 45 tours en 1971, Avec le temps fera un tabac, devenant un standard international, LA chanson emblématique de Léo Ferré. En réintégrant ces deux chansons à la fin des deux albums (édition 2021), le parcours d'écoute fait sens différemment et de manière troublante, comme si toute l'expression du désir et de l'amour aboutissait nécessairement à son envers, sa cruelle apostille, son horizon de chagrin...

Quoi qu'il en soit, et cela en dépit d'un mix parfois critiquable, ce volume 2 prolonge le plaisir, s'avérant aussi galvanisant et touchant que son disque jumeau. Dix années de compagnonnage avec le paisible et très professionnel Jean-Michel Defaye ici s'achèvent, laissant la voie libre aux « salves électriques » et surtout à l'éros orchestral d'un artiste en complet redéploiement.

Alaric Perrolier – 2022

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