Il est six heures ici et midi à New York
« Des mots qui t'envahiraient comme la lumière... »
Textes & musiques : Léo Ferré
Orchestre symphonique de la RAI-Milan
Giuseppe Magnani, violon solo
Virginio Bianchi, basson solo
Gian Carlo Corsini, trombone solo
Chœur non identifié
Orchestrations & direction musicale : Léo Ferré
Production & réalisation artistique : Léo Ferré, assisté de Massimo Munter
Prise de son : Paolo Bocchi
Crédits visuels : Alain Marouani
Enregistré du 10 au 15 février 1979 au Studio Regson, Milan (Italie).
Publié en mai 1979 par Barclay.
Cet album est également disponible dans le coffret La Marge : intégrale 1975-1991.
« Assez d'actes !... des mots ! » disait un slogan de Mai 68. Même si « les mots sont les mots », kystes de nos préjugés, de nos connaissances antérieures, de notre embrigadement social, on ne peut pas penser sans mots. Lumière, absence, folie... Pour échapper à sa condition de Sisyphe lassé des gueulantes de principe, le poète rêve de mots nouveaux qui court-circuiteraient le langage usuel ; mots instantanés, télépathes ; des mots-sensations après les mots-idées.
Avec ses flamboyantes tentures orchestrales, ses bois à la fête, son chœur sans parole, Léo Ferré flâne sa pastorale dans l'ivresse des choses élégiaques. Pour se distraire de son désenchantement, Léo regarde « passer le texte à la lunette », fait tournoyer encore l'intime carrousel de ses dévotions — passion charnelle, solitude, création musicale... —, et hume les capiteux embruns de son no time's land.
La mort sourit dans la coulisse... Non pas la macabre ni la violente, mais plutôt celle du grand mystère ; la relativité de tout et d'Einstein. Lors, l'ubiquité énigmatique du poète, à la recherche du juste fuseau, nous guide hors du « machinal » — nos vies impensées — vers les « pays d'absurdité » — la fantasmagorie pure.
Mariant profondeur et étendue dans un bel album enveloppant, Léo clôt les années 1970 avec panache.
Alaric Perrolier – 2016
