La Marseillaise

« Ils ont voté... et puis après ? »

Textes & musiques : Léo Ferré

Janine de Waleyne, voix solo

Arrangements & direction musicale : Jean-Michel Defaye
Prise de son : Gerhard Lehner
Supervisation : Jean Fernandez
Crédits visuels : Hubert Grooteclaes

Enregistré les 11 et 12 avril 1967 aux Studios Barclay, Paris (France).
Premier pressage réalisé en avril 1967 et jamais diffusé avant destruction.
Deuxième pressage publié le 7 juillet 1967 par Barclay (piste 5 publiée pour la première fois en 2003 par Barclay-Universal).

Cet album n'est disponible à l'achat que dans le coffret L'Âge d'or : intégrale 1960-1967. Vous pouvez vous procurer ci-dessus les partitions des chansons.

Tandis que la vie conjugale de Léo Ferré s’est peu à peu transformée en enfer carcéral à base de dépression alcoolisée et d'engueulades permanentes, la production discographique continue vaille que vaille sans que les inspirations du poète n'y laissent trop paraître, entre chansons réellement ressenties, où ce dernier focalise sa sensibilité sur ce qu'il aime ou déteste, et chansons de circonstance ou de genre, traitées avec maîtrise mais sans le surplus d'âme qui distingue l'artiste à son meilleur.

Jean-Michel Defaye, que la musique des Beatles vient titiller comme tous ses collègues, s’efforce de s'adapter au goût du jour en généralisant ici l’usage d’une basse électrique — avec l'accord de Ferré à n'en pas douter, peut-être même à sa demande... — et une batterie mixée plus en avant, sans que cela apporte une quelconque valeur ajoutée à ses arrangements. Il faut dire que l'usage qui en est fait ici est purement fonctionnel, raide irrémédiablement et jamais expressif. Mais ce petit pas fait en direction des codes de l'idiome musical des jeunes nous dit quelque chose d'essentiel, qui vient se cristaliser dans la chanson Salut, beatnik !.

Après avoir moqué son inculture et sa bêtise (Épique époque), sa frivolité (Quand j'étais môme, Le Palladium), après lui avoir reproché de brancher son destin politique et donc sa grandeur d'âme « aux abonnés absents » (Les Romantiques) ; autrement dit après avoir rejeté — par réflexe bourgeois ? — la jeunesse, Ferré ici s'ouvre et s'adresse à elle pour la première fois fraternellement, et avec espoir. Pas n'importe quelle jeunesse bien sûr, pas celle des yéyés et des rock'n'rolleurs immatures. Celle des beatniks, ces marginaux sympathiques à ses yeux parce que rétifs à l'embrigadement social, refusant cette société de consommation que les adultes leur préparent.

À travers cette chanson, Léo Ferré semble prendre conscience de deux choses sous nos yeux. Tout d'abord, les jeunes ne sont pas tous voués à être des consommateurs dépourvus d'esprit critique. Par ailleurs, la mise en mouvement révolutionnaire de la société dépend de sa fraction la moins intégrée dans les routines du quotidien et de sa perpétuation. Les classes populaires sont anesthésiées par le confort ? C'est sur la jeunesse que tout désormais repose. Le poète en rade trouve ici à qui parler, à nouveau ; une voie stimulante à suivre, un estuaire à son art.

Ce n'est pas pour rien que certains esprits éclairés diront de cet album antimilitariste, anti-démocratie représentative et pour l'insoumission intelligente, qu'il est celui où Ferré prenait date sans le savoir avec Mai 68. Du moins cela permet de mieux comprendre la spectaculaire convergence qui aura lieu entre l'artiste et la jeunesse un an et demi plus tard.

Alaric Perrolier – 2019

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