Léo Ferré au Théâtre Libertaire de Paris

La captation bonus du concert par Raphaël Caussimon n'est pas accessible au téléchargement ci-dessus. Elle est désormais disponible à l'achat dans le coffret DVD La Complainte de la télé (1956-1992).

Depuis que Léo Ferré s'est éloigné du circuit parisien au mitan des années 1970, la physionomie des théâtres programmant de la chanson a beaucoup évolué ; les grands music-halls d'après-guerre ont succombé un à un. L'Alhambra, l'ABC, le Théâtre de l'Étoile, Bobino... ces hauts-lieux de la vie musicale populaire française dans quoi Léo s'est inscrit, n'existent plus. Seule survit l'Olympia de Bruno Coquatrix, avec qui Léo aura toujours eu des rapports ambivalents sinon conflictuels.

Après son grand retour en 1984 au Théâtre des Champs-Elysées, Léo privilégie le Théâtre Libertaire de Paris (ancien et actuel théâtre Déjazet) pour ses rentrées parisiennes. Dans ce petit théâtre à l'italienne ré-ouvert en février 1986 sous l'égide d'Hervé Trinquier, ancien organisateur des galas de soutien pour Le Monde Libertaire et Radio Libertaire, Léo retrouve une chaleureuse camaraderie anarchisante et une salle à taille humaine, permettant une intimité avec son public ; autant d'éléments qui lui rappellent peut-être l'époque du Bobino de Félix Vitry. Bref, un endroit où il se sent bien, dans un Paris devenu étranger à ses yeux.

Ce coffret réunit pour la première fois trois concerts différents donnés au TLP, entre 1986 et 1990. Le premier d'entre eux est la version audio, inédite au disque, du DVD Léo Ferré chante les poètes. Vient ensuite la captation d'un récital de 1988, publiée la même année in extenso sur un triple album. Au lendemain de l'élection présidentielle française, Léo y réactive ses chansons libertaires d'avant 1970 pour un dernier baroud face à l'aveuglement de ses contemporains. Y sont également convoquées ses toutes premières chansons, qui resteront désormais à son tour de chant jusqu'à la fin. Quant au dernier récital, hanté par une poignante prescience de la mort, accompli dans la perfection du silence (voir la version crépusculaire d'Avec le temps), il a été enregistré en 1990 et publié à titre posthume en 1994 sous la forme d'un double-album intitulé Alors... Léo !. Ces deux publications antérieures ne sont désormais plus disponibles que dans le présent coffret.

Celui-ci n'est pas en vente dans le commerce. Vous ne pourrez vous le procurer qu'ici, au format physique. Tous les concerts sont donnés en intégralité, à quoi a été ajouté le DVD d'une captation amateur inédite du récital de 1988. Pour qui s'intéresse aux dernières années de Léo Ferré sur scène, voilà à n'en pas douter un bel objet exhaustif.

Alaric Perrolier – 2016