« Je n'écris pas comme de Gaulle ou comme Perse
Je cause et je gueule comme un chien ! »
Textes & musiques : Léo Ferré
Paul Castanier, piano
Prise de son : Jean-Pierre Molliet & Jean-Pierre Tzaud
Régie musicale & montage : Claude Blanc
Production : Radio Suisse Romande
Conception & réalisation CD : Mathieu Ferré & Alain Raemackers
Crédits visuels : Charles Szymkowicz
Enregistré en public le 3 février 1973 à Montreux (Suisse).
Publié pour la première fois sur disque le 26 octobre 2001 par La Mémoire et la Mer.
1.
Le Chien
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2.
Le Crachat
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3.
Vitrines
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Cet EP — Extended Play, en bon français acculturé — a été conçu pour la beauté du geste, comme un clin d'œil à un autre EP de 1970 devenu « collector » : Un chien à la Mutualité. Ce dernier proposait à l'initiative du directeur artistique de Léo chez Barclay les toutes premières interprétations en public de Paris, je ne t'aime plus, du Crachat et du Chien, avant même leur enregistrement en studio, « histoire de n'en pas perdre une miette ».
On retrouve ici le langage-action du Chien et la dérision sophistiquée du Crachat sous un jour plus déstructuré ; Léo chante alors ces chansons sans discontinuer depuis plus de trois ans. Paris, je ne t'aime plus est supplantée par deux titres se faisant écho à vingt années de distance : Vitrines, gravé en 1953 pour l'album Paris-Canaille et chanté de nouveau régulièrement à partir de 1970, et le récent Il n'y a plus rien. Artistiquement, l'interprétation que Léo donne de ce prodigieux réquisitoire se situe à mi-chemin entre la version enregistrée à Paris voici trois mois et celle qui sera donnée à Lausanne, à trois mois de là ; d'ores et déjà sous la « voix de fer » sent-on percer le préavis de cessation du contrat hugolien...
En quatre titres et 28 minutes de musique, c'est donc la quintessence du Ferré contestataire post-68 qui se retrouve ici remarquablement concentrée, de sa proclamation à sa renonciation. « Foutez-vous en jusque-là si vous pouvez ! »
Alaric Perrolier – 2016