La Solitude

« Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyable
L'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pas »

Textes & musiques : Léo Ferré

Musiciens (Zoo) :

  • André Hervé : claviers, guitares
  • Michel Ripoche : saxophone ténor, trombone, violon
  • Daniel Carlet : saxophones alto, ténor, baryton, soprano, flûte, violon
  • Michel Hervé : basse
  • Christian Devaux : batterie, percussions

Orchestrations : Léo Ferré (pistes 3 et 7)
Arrangements  : Léo Ferré & Zoo (piste 1), André Hervé (pistes 2, 4-6, 8, 9)
Direction d'orchestre : Léo Ferré (pistes 1, 3 et 7)
Prise de son : Claude Achallé, Gerhard Lehner (présumé, pistes 3 & 7)
Coordination musicale : Pierre Chaillé
Production exécutive & réalisation artistique : Richard Marsan
Crédits visuels : Geneviève Vanhaecke (recto), Patrick Ullmann (verso)

Enregistré le 25 août (musique pistes 3 et 7), les 24, 27, 28, 29 septembre, le 1er octobre et le 17 décembre 1971 aux Studios Barclay, Paris (France).
Publié en décembre 1971 par Barclay.

Cet album et son titre bonus ne sont disponibles à l'achat que dans le coffret La Solitude : intégrale 1968-1974. Vous pouvez vous procurer ci-dessus les partitions des chansons.

En se faisant ici accompagner par le groupe de rock Zoo, déjà sollicité de façon ponctuelle lors des sessions d'enregistrement d'Amour Anarchie, Léo Ferré joue de façon appuyée le jeu des « volts envoûtants qui virevoltent et triquent ». Mais voilà, le discobole Ferré n'est pas le discobole Gainsbourg. Léo voit dans la musique pop — ainsi qu'on appelait le rock post-68 en France — une poussée libertaire, un refus des codes établis, avant que d'y voir un art, avec ses possibilités expressives et son raffinement propre. Il a beau écouter avec plaisir certains groupes sur son radiocassette pendant les longs trajets des tournées, il a beau rêvasser à voix haute à d'improbables collaborations avec les Moody Blues ou Pink Floyd, au fond Léo s'en fiche de l'esthétique du rock.

Né en 1916, le poète est trop éloigné mentalement du nouveau zeitgeist musical, et trop anti-impérialiste, trop anti-américanolâtre au fond de lui, trop résolument seul dans sa tête aussi — le rock se fonde sur et se pratique dans l'idée du collectif, or « les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes », n'est-ce pas ? Et quant à piloter des artisans étrangers dont ce serait l'idiome naturel, cela nécessiterait d'avoir une idée tout de même un peu volontariste du « son » à forger... —, et finalement Léo Ferré est trop irrésistiblement appelé par la montagne sacrée du symphonisme, utopie première et dernière face à quoi rien ne saurait faire le poids.

Embrasser la fée électricité comme il le fit un an auparavant était reparaître dans le siècle avec panache, aux avant-postes. Rempiler en 1971, alors qu'il a déjà la tête dans ses portées de rêve, c'est faire un détour menant à une impasse. Sans doute aura-t-il suffi que son directeur artistique Richard Marsan, intéressé au fait de promouvoir un groupe qu'il a lui-même fait signer chez Barclay, convainque Léo de la légitimité d'un tel rapprochement eu égard aux attentes et pratiques de son public jeune, pour que Léo obtempère. Si cela avait été le zouk ou le disco, si tant est que le zouk ou le disco aient été des musiques de révolte, cela aurait été le zouk ou le disco ! Ferré s'en lave les mains.

Pire ! En sachant qu'il allait collaborer de nouveau avec Zoo, Léo écrit un répertoire spécifiquement pour eux, et à travers eux pour la jeunesse, rompant avec sa règle d'or de ne jamais penser au public quand il tient la plume, garantie d'un verbe authentique et d'une démarche honnête. Cela aboutit ici et là à des chansons lourdingues sinon démagogiques, à tout le moins superficielles et formellement plus relâchées qu'à l'ordinaire — involontairement bouffonnes presque !

À côté de ces arlequinades électrifiées, le paradoxal Ferré nous recouvre de sa montante marée intérieure, partance surréelle « vers l’ailleurs d’autre part... », cet amnios symphonique où les turpitudes humaines et le Temps lui-même enfin s'agenouilleraient dans la tragique extase de l'Amour. « La beauté c'est les larmes », disait-il... Pas « dans les night ! dans les night ! dans les night ! », serions-nous tenté d'ajouter.

Illuminé par plusieurs très grandes chansons et porté par une des plus belles pochettes de la discographie, cet album de transition, sympathique mais surévalué — un comble au regard des trésors méconnus de l'œuvre ferréen ! —, sait toujours et encore nous exalter, par intermittence. Qui a dit que tout était parfait chez Léo Ferré ?

Alaric Perrolier – 2022

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