« Défense de vivre / Les flics nous regardent »
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446 pages. Couverture souple illustrée (photo : Hubert Grooteclaes). 170 x 220 mm.
Livre illustré.
ISBN : 9782951346093
Publié le 27 novembre 2002 par La Mémoire et la Mer.
Première édition : février 1980, Plasma.
Quand les éditions Plasma viennent solliciter Léo Ferré, il y a belle lurette que le poète ne se fait plus d'illusions sur les retombées littéraires de ses incursions dans le domaine du livre. Les dérobades successives du monde des Lettres l'auront suffisamment déçu pour qu'il n'en attende plus rien. L'étiquette du saltimbicou lui colle fatalement à la peau. Un croque-notes trafiquant de syntagmes ? pensez donc ! Chacun chez soi et Dieu pour tous.
Mais une maison anar ça ne court pas les rues et Plasma développe depuis le début des années 70 une ligne éditoriale exigeante, avec un fort tropisme vers le surréalisme et les sensibilités libertaires de toutes sortes. Léo se laisse charmer. Et puis un peu de reconnaissance de la part des intellos, ma foi... À ceci près qu'aujourd'hui la gorge à plume vaut la main à plume !
Depuis son précédent recueil de 1956 le centre de gravité s'est déplacé : Léo assume le mode d'existence de sa création ; c'est avec sa voix qu'il travaille, c'est sa voix qui restera en dernier lieu, nous signifie-t-il. La coutume dans l'industrie du disque ayant longtemps voulu qu'on ne donnât point les textes dans les albums, Léo rend ici accessible à ceux qui aiment son travail l'intégralité des textes de ses chansons enregistrées depuis 1962 (on reprend très exactement là où le numéro 93 de Poètes d'aujourd'hui s'était arrêté) — à quoi se mêlent une petite quarantaine de textes inédits au moment de la publication, qui seront pour la plupart mis en musique au cours de la décennie à venir.
Si le legs artistique de Léo Ferré n'est pas « olographe » mais bel et bien phonographe, si le dit prime sur l'écrit, alors le présent recueil doit être envisagé comme une annexe du corpus enregistré, moyen de rencontre premier et privilégié. Cela n'empêche pas son auteur de composer pour l'occasion un parcours de lecture spécifique et signifiant, agrémenté d'illustrations de son choix.
Testament phonographe témoigne de l'architecture conçue par Léo à un moment donné pour fixer la matière sans cesse malléable de son œuvre océanique. Avatar imprimé de son grand tour de chant non-stop, ce livre a connu quatre autres éditions entre 1989 et 2002, avant d'être dissous en 2013 dans le recueil « total » des Chant de la fureur.
Alaric Perrolier – 2016