L'an de grâce 2023 touche à sa fin et on ne peut pas dire que nous avons croulé sous les hommages à l'occasion de l'anniversaire des trente ans de la disparition de Léo « qui ça ? » Ferré. La trahison des élites, l'américanisation accélérée, l'oïkophobie suscitée et entretenue, la grande déculturation... le diagnostic est connu. Il y a bien eu quelques concerts ici et là, une biographie pédagogique en bande-dessinée*, une émission épique (10 heures d'affilée !) du Ferré Club, fidèle comme jamais à la mémoire de Léo (2017-2023, non-stop !)**, le traditionnel big coffret repackagé voulu par le grand prêtre du Commerce Universal***, une série d'émissions qualitatives sur France Musique****... et puis ? Rien de fondamentalement inattendu, après plusieurs années fort riches en nouveautés il est vrai.
Les circonstances aidant, les éditions La Mémoire et la Mer sont quant-à elles à même de vous proposer in fine deux nouvelles publications discographiques. Et ça, on espère que ça vous fait tout de même un peu plaisir !
La première est un album de l'outsider italien Carmine Torchia, Non c'é più niente, qui célèbre l'esprit rock (entendre : révolté, transgressif, dénonciateur ; politique au sens noble) de Léo Ferré. Carmine – que l'on voit en photo ci-dessus à gauche – a tout récemment publié un premier clip, que vous pouvez visionner en cliquant sur l'image. Et c'est la surprenante Mauvaise Graine, chanson de 1959 interprétée à plusieurs reprises sur scène mais jamais enregistrée en studio par Léo pour figurer sur un disque, qui est ici transfigurée en entraînant hymne rock, tout à fait juvénile et contemporain.
L'album est une grande réussite, à la fois respectueux et audacieux, qui renouvelle beaucoup l'écoute en fusionnant harmonieusement Ferré et le son d'aujourd'hui. Oui, c'est tout à fait possible (quand on a le talent) !
On vous laisse le découvrir...
La deuxième est un album – le vingt-deuxième ! – des inconnus Esecutori di Metallo su Carta, ensemble de « musique anti-classique pour tous ». Cet inattendu Léo Ferré sans mots a tout d'une rencontre de hasard pour ces Italiens éclectiques, chercheurs inlassables de la beauté musicale au détour du chemin. Leur approche fidèle nous donne à réentendre les partitions orchestrales de Ferré avec une présence qui ne peut que mettre en joie.
A cela s'ajoutent deux morceaux chantés, complètement inédits sous leur forme musicale.
Là encore, pour en savoir plus...
Et quant au cinquième coffret de l'intégrale Léo Ferré commencée en 2018, ce coffret de mystères et de fantômes qui en fait trépigner plus d'un... nous sommes au regret de vous l'annoncer (vous vous en doutiez) : il est reprogrammé pour la fin 2024, année où devraient voir le jour quelques autres bricoles...
D'ici-là, les deux albums ci-devant sauront vous faire patienter. A paraître le 23 décembre, vous pouvez d'ore et déjà les précommander en exclusivité ici-même***** afin de les recevoir pour les fêtes.
Bonne fin d'année à toutes et tous et bonne écoute.
Alaric P.
Équipe LMELM
* Léo Ferré : ni Dieu ni maître, de Pascal Boniface et Lukino, Dunod Graphic.
** Et comme le dit Davou, son animateur : « La dernière de l'émission aura lieu le 1er janvier 10 000, et sera en public. Pensez à réserver vos places. » C'est sur Radio Libertaire que ça se passe.
*** Léo Ferré : les paroles et le geste (Anthologie 1948-1990), Universal.
**** Tour de chant, de Martin Pénet : Léo Ferré et les poètes : Caussimon et Apollinaire, Charles Baudelaire, Verlaine et Rimbaud, De Rutebeuf à Aragon.
***** Inutile de chercher ces deux disques dans les bacs des enseignes traditionnelles, ils n'y seront pas. Pas plus qu'il n'y aura de téléchargement. Qui nous aime (et aime Léo), nous suive !
Photo : Carmine Torchia, Daniele Fiaschi et Matteo d'Alessandro à Lo studiolo, Barberino Tavarnelle, 2023. © Michela Franzoso.