« Viens avec moi du côté des amibes
Alors tout ira bien »
43 pages. Couverture souple illustrée & dessins : Charles Szymkowicz. 130 x 170 mm.
Préface de Patrick Buisson.
ISBN : 9782951346031
Publié le 30 septembre 2000 par La Mémoire et la Mer, collection Les Étoiles.
ÉPUISÉ
En 1973, Léo Ferré affirmait dans Et... Basta ! : « Je n'ai plus de voix pour vous Plus Plus Plus », signifiant par là un désir de ne pas s'enfermer dans un rôle en quoi lui-même ne croyait plus. Ainsi prenait-il acte de l'impuissance de l'invective poétique à susciter un quelconque soulèvement révolutionnaire et ainsi rendait-il son tablier hugolien. Après quoi ne pouvait-il plus que dire « je parle à n'importe qui » (comprendre : « à qui veut bien m'entendre ») ou se replier dans le silence.
Ce texte, écrit vraisemblablement entre l'été 1973 et l'été 1975, peut être lu comme le pendant exacerbé d'Et... basta ! ou comme un prolongement formel de Benoît Misère ; un terminus jusqu'au-boutiste en tous cas. Le poète envoie ses mots en « paquets parleurs » tel un « binaire embarrassé de signes », sans plus se soucier de leurs destinataires. Cette quête surréelle de l'indifférence, où rôdent maints fantômes de ses propres chansons, se dégage des chemins tout tracés, s'affranchissant de l'intelligibilité immédiate pour tendre vers une liberté énonciative absolue, quasiment dépersonnalisée bien que fortement auto-référentielle.
En 1979, Léo Ferré décide de faire de ce palimpseste un livre imprimé par ses soins, avec l'artistique complicité de son ami le dessinateur et peintre Charles Szymkowicz (auteur de la nouvelle pochette de Léo Ferré chante Baudelaire et de celle de L'Espoir). Réédité et diffusé au-delà du cercle des initiés en l'an 2000, Je parle à n'importe qui prendra publiquement « son sexe avec la corde vocale » de l'artiste lui-même, dix-huit ans plus tard.
Alaric Perrolier – 2016-2018