Marie-Jeanne

« L'autorité a horreur de la mer parce qu'elle s'y noie. Ton père, ta mère, ton prof,
ton chef, ton capitaine... Dis-leur que tu es la mer et tu verras. Ils te battront.
Ils diront que tu es fou. Ils diront que tu es folle. »

50 pages. Couverture souple illustrée & dessins : Manuella Ferré.  130 x 170 mm.
Préface de Patrick Buisson.

ISBN : 9782951346062

Publié le 27 janvier 2001 par La Mémoire et la Mer, collection Les Étoiles.

Sinueux destin que celui de ce texte... Vers 1973, Léo Ferré prélève quatorze fragments dans son poème « Des mots imaginés... », long de 196 vers. Cette poésie a été forgée à partir de bribes issues d'un texte antérieur, intitulé L'Imaginaire (à ne pas confondre avec L'Imaginaire '81, enregistré pour l'album du même nom). Agrégé aux 190 vers du poème « Ce violon qui hante... » (ex-Mathieusalem '75), « Des mots imaginés... » sera ultérieurement connu sous le titre Death... Death... Death... (voir le recueil Testament phonographe). Pour l'heure, les quatorze fragments choisis par Léo vont former la matière d'un projet intitulé Le spectacle après le spectacle ou Marie-Jeanne.

Séquencé en six segments, réagencé selon un impératif d'oralité, destiné à être dit par une jeune femme dans un contexte très particulier, ce texte permet à Léo d'explorer un fantasme : celui de détourner un média de masse comme la télévision de sa fonction habituelle. Comment ? Par un programme fantôme, un programme-miroir, surgi de nulle part, s'adressant intimement et donc subversivement à une poignée d'individus disponibles, devant la neige de leur téléviseur, « à certaines heures pâles de la nuit ». Car en ce temps-là il faut savoir que la télé cessait de diffuser quoi que ce soit passé une certaine heure, jusqu'au lendemain matin.

En 1976, de passage à Paris, Léo parle de son idée au producteur et présentateur Jacques Chancel. Celui-ci est partant pour donner à Léo les moyens de concrétiser ce projet un peu fou. Il lui propose même d'y associer le documentariste animalier Frédéric Rossif. Ainsi Marie-Jeanne aurait pu être une magnifique création audiovisuelle, pirate et poétique.

Il n'en sera rien, Chancel préférant dans son infinie sagesse et sa très grande élégance ne rien vouloir savoir du texte de Léo Ferré, s'approprier son idée, l'édulcorer, travailler avec Rossif uniquement et diffuser le résultat sans daigner avertir le poète de quoi que ce soit. Ce dernier découvrira avoir été spolié en lisant le programme télé chez lui. Heureusement la matière textuelle chez Léo est un ressac permanent. Aussi le texte vivra-t-il une dernière métamorphose, pour être enregistré comme finale testamentaire de L'Opéra du pauvre. Mais ceci est une autre histoire...

Nous vous proposons ici de découvrir l'état du texte dans sa version « Marie-Jeanne », qui reste tout à fait singulière par son dispositif, témoignant d'un désir chez Léo de « parler » ailleurs et autrement.

Alaric Perrolier – 2016

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