Verlaine et Rimbaud

« Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou ?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou. »

« Ah ! que le temps vienne
Où les cœurs s'éprennent ! »

Textes :

  • Paul Verlaine (« Écoutez la chanson bien douce », « Il patinait merveilleusement », Mon rêve familier, Soleils couchants, « L'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable », Art poétique, Pensionnaires, Âme, te souvient-il ?, Chanson d'automne, Green, Je vous vois encor, « Ô triste, triste était mon âme », Clair de lune, Sérénade)
  • Arthur Rimbaud (Chanson de la plus haute tour, Les Assis, Le Buffet, Les Poètes de sept ans, Les Corbeaux, Mes Petites Amoureuses, L'étoile a pleuré rose, Rêvé pour l'hiver, Les Chercheuses de poux, Ma Bohème)

Musiques : Léo Ferré

Barthélémy Rosso, guitare & banjo
Janine de Waleyne, voix solo
Lionel Gali, violon solo

Arrangements & direction musicale : Jean-Michel Defaye
Prise de son : Gerhard Lehner
Coordination musicale : Pierre Chaillé
Production exécutive : Jean Fernandez
Crédits visuels : Maurice Frot (dessin, graphisme), Hubert Grooteclaes (photos)
Texte de présentation (édition originale) : Léo Ferré

Enregistré du 25 au 28 mai 1964 aux Studios Barclay, Paris (France).
Publié en décembre 1964 par Barclay.

Cet album n'est disponible à l'achat que dans le coffret L'Âge d'or : intégrale 1960-1967. Vous pouvez vous procurer ci-dessus les partitions des chansons.

À l'imbécilité des paroliers-sic de son temps, Léo Ferré veut opposer la gifle de la poésie, et à travers elle sensibiliser le grand nombre à la beauté. Il travaille sur un ambitieux cycle Verlaine depuis l'été 1959, dans la foulée de son travail consacré à Aragon. Ce dernier rencontre le succès que l'on sait en 1961, année de tous les triomphes. Mais l'extraordinaire à l'horizon frémit ; l'espace-temps bientôt va se déplier...

1963 est une année de relâche et de « reverdie » pour le poète, qui, loin des projecteurs, des obligations d'enregistrement et des cocktails de Monsieur Eddie, en profite pour exercer sa « fantasque escrime » en tous sens. Fatalement sa foulée le mène sur la piste d'un autre maudit, et des plus auréolés... Leurs deux fureurs alors s'accouplent dans l'oralité sauvage et tourmentée des proses poétiques de la Saison en enfer. Comme ça, pour le plaisir. Puis vient à Léo cette intuition géniale — évidente aujourd'hui, inaccoutumée à l'époque — de marier la brume au feu du désert ; le plus révolté, le plus grinçant des poètes au plus lunaire, au plus humain d'entre eux.

Sur la vingtaine de poésies de Paul Verlaine qu'il a travaillées, Ferré en garde quatorze et met prestement en musique dix poésies d'Arthur Rimbaud pour parvenir à la « fraternité retrouvée ». Louis Aragon ne s'y trompait pas en affirmant que Léo Ferré produisait « une forme supérieure de la critique poétique », car en faisant de l'histoire d'amour de ces « deux oiseaux de haute poésie » le moteur « conceptuel » de son album, Ferré nous invite à considérer la communauté ou du moins la complémentarité littéraire des deux poètes, dont les œuvres côte-à-côte ne produisent plus le même effet qu'envisagées séparément.

Les fulgurations de l’astre Rimbaud et la sensibilité blessée de Verlaine ici s'entrelacent et subjuguent par la grâce — c'est le mot ! — d'une inspiration mélodique supérieure, d'arrangements minimalistes somptueux — qui dira leur ressac d'éternité  ? —, d'une interprétation irrésistible ; Léo chuchote, rêve, pleure, tend les puissantes guirlandes de mots de ses prédécesseurs, ses frères, mises « à la portée de toute portée », palpitantes de vie.

Avec ce tout premier double-album studio de l'histoire des musiques populaires au XXème siècle, Léo Ferré et Jean-Michel Defaye se dépassent eux-mêmes : tout se fige, une immense respiration se soulève, une larme sur une joue coule en silence. La beauté, comminatoire et nue, fatale, boiteuse, masse nos cœurs de sa pogne miraculeusement déployée. Intemporelle sorcellerie, que le langage usuel nommera chef-d'œuvre.

Cette offrande, messieurs, ne sera pas près d'être oubliée.

Alaric Perrolier – 2019

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