Léo Ferré à l'Olympia

« Mais auparavant
J'aurai comm' le vent
Semé quelque part
Ma grain' d'ananar »

Textes & musiques : Léo Ferré

Orchestre de l'Olympia, sous la direction de Gaston Lapeyronnie
Jean Cardon, accordéon

Prise de son : ?
Production exécutive : Édouard Dory
Crédits visuels : André Bonnet (photo-montage), Georges Justh (graphisme)

Enregistré en public au Théâtre de l'Olympia (Paris), entre le 10 et le 13 mars 1955.
Publié en 1955 par Odéon.

Cet album n'est disponible à l'achat que dans le coffret La Vie moderne : intégrale 1944 - 1959.

Le troisième album Odéon de Léo Ferré est un album enregistré en public, le premier pour l'artiste, à un moment où les albums live ne sont encore guère répandus et principalement réservés aux grandes vedettes. Depuis qu'Edouard Dory, le directeur artistique des Disques Odéon, est venu chercher Léo Ferré à L'Arlequin, l'artiste jugé « difficile » s'est fendu de deux succès authentiquement populaires : Paris-Canaille et Le Piano du pauvre, qui font marcher le tiroir-caisse. Dans le même temps, Bruno Coquatrix rachète l'Olympia en 1953 et l'ouvre au public en février 1954. Exit l'opérette, voici la chanson contemporaine « bien baraquée » ; et l'inconnu Bécaud casse la baraque. Ferré passe derrière, en « vedette américaine » de Joséphine Baker, faisant donc partie des premiers artistes de la nouvelle génération à y être mis en avant. Ce premier passage est jugé suffisamment satisfaisant pour que Ferré figure l'année suivante en tête d'affiche.

Rite de passage oblige, Léo Ferré et son directeur artistique s'entendent pour en proposer une captation, hélas partielle, sur un 33 tours 30cm longue durée, nouveau format encore peu usité en chanson française. Il est vrai que Dory pouvait difficilement refuser cette libéralité à Ferré après le traitement discographique autrement princier accordé à Montand, l'autre chanteur vedette des Disques Odéon, lors de son passage au théâtre de L'Étoile en 1953.

Le programme du présent album est conçu selon les canons du genre, à savoir un mélange de titres nouveaux et de titres éprouvés : les cinq « taraboum tsoin-stoin » du EP La Rue, publié début 1955, deux chansons du premier album de 1953, dont un classique  du temps des cabarets (Monsieur William) et LE tube (Paris-Canaille), cinq titres issus du deuxième album de 1954, dont deux à succès (Le Piano du pauvre, L'Homme) et trois titres symphoniques réinventés par l'ensemble de Gaston Lapeyronnie et Léo Ferré (Graine d'ananar, Merci mon Dieu, Mon p'tit voyou). Il est bien sûr très probable que Ferré ait chanté plus de chansons de son dernier album, mais ce sont ces trois-là qu'il lui importe ici de mettre en avant au regard de la postérité ; une qui assoit sa persona de « type à part », une autre qui exprime sa révolte anti-autoritaire, et la dernière qui dit son amour pour sa compagne.

À l'écoute la salle nous paraît réceptive sinon enthousiaste. L'accueil critique sera plus mitigé et à quelques exceptions près, Léo Ferré se tiendra à l'écart des théâtres parisiens pendant deux ans et demi, avant de se produire à nouveau sur une grande scène de music-hall.

Alaric Perrolier – 2022

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